La petite archive – Soeur Reine Wagner
lundi 17/06/2024
Le cœur de Sœur Reine, directrice de l’hôpital de Couvet durant de nombreuses années, débordait d’émerveillement pour les beautés simples de la vie, la nature et les animaux. Un jour, lorsque le jardinier de Saint-Loup a recueilli un petit agneau abandonné par sa mère, elle n’a pas hésité à le prendre sous son aile et à le nourrir au biberon. Sœur Reine, c’est aussi un insatiable goût de l’aventure, parfois rocambolesque…
Dans les annales de la communauté de Saint-Loup, le nom de Soeur Reine Wagner résonne comme une mélodie joyeuse et lumineuse, tissée de bienveillance et d’éclats de vie.
Dès son enfance, elle avait une vocation fervente pour le soin aux malades. Elle choisit alors de consacrer sa vie aux autres et se forma avec passion et détermination comme infirmière à Saint-Loup malgré les défis imposés par ses problèmes pulmonaires. Pendant de nombreuses années, elle dirigea l’hôpital de Couvet avec sagesse et empathie.
A côté de ses fonctions, Soeur Reine cultivait beaucoup de passions. Elle était une artiste dans l’âme, révélant sa créativité à travers ses bougies ornées d’écureuils, qui témoignaient de son amour pour la nature et sa capacité à peindre avec passion, guidée uniquement par son cœur. Toute sa petite chambre dans la Maison-mère en était remplie, laissant à peine la place pour y dormir.
Son cœur débordait d’émerveillement pour les beautés simples de la vie : les flocons de neige, la nature, et surtout, les animaux. En excursion, elle demandait à s’arrêter pour chaque chamois ou marmotte. Un jour, lorsque le jardinier de Saint-Loup a recueilli un petit agneau abandonné par sa mère, elle n’a d’ailleurs pas hésité à le prendre sous son aile et le nourrir au biberon. Tout était une occasion de s’émerveiller comme le souligne Sœur Edith, sa petite cousine qui lui était très attachée.
Ce qu’on ne peut oublier quand on pense à Sœur Reine, c’est son insatiable goût du voyage et de l’aventure. Parfois, avec Sœur Yvonne Sala au volant de la 2 CV et une ou deux autres Sœurs, elles s’engageaient dans des escapades imprévues et passionnantes sur les routes sinueuses des cols alpins. Elle pouvait rouler avec ses complices jusqu’à Disentis sans savoir à l’avance où elles allaient passer la nuit. L’important c’était l’aventure. Elles ne manquaient cependant pas d’envoyer une petite carte postale à leur directrice pour l’informer que tout se passe bien.
Et quelle aventurière sans quelques histoires mémorables ? Les anecdotes abondent, comme celle où, prise par l’enthousiasme devant un lac au-dessus de Zermatt, elle s’enfonça dans les eaux marécageuses, nécessitant l’intervention des deux Sœurs qui l’accompagnaient pour la tirer d’affaire. Sœur Reine, trempée jusqu’aux os et pas refroidie pour un sous par cette mésaventure leur ordonne immédiatement « Mes sœurs je vous interdis d’en parler à Saint-Loup sinon on ne pourra plus sortir ! ». Le secret a été tenu pendant des années. Sœur Edith ne l’a appris que des années plus tard.
Jusqu’à la fin de sa vie à la Diaconie, Sœur Reine a conservé son émerveillement, sa positivité et sa joie de vivre. C’était une sœur tellement merveilleuse, on se souvient de ce genre de personnes conclut Sœur Edith en hommage à cette Sœur aux côtés de laquelle on ne s’ennuyait pas.
Sœur Reine est née le 19 avril 1899 à Neuchâtel, elle a été consacrée le 23 juillet 1930. Elle est décédée à Saint-Loup le 26 mars 1990.
Article écrit par Perrine Nissels grâce aux souvenirs de Soeur Edith Ritter