L’histoire de la communauté des diaconesses de Saint-Loup
L’Institution des diaconesses est née sous l’inspiration de l’Esprit Saint à Echallens en 1842, puis transférée à Saint-Loup en 1852.
De par la provenance des diaconesses, issues de toutes les familles spirituelles du protestantisme, l’Institution puis la Communauté gardera, au cours des années, comme une richesse à partager ce désir d’ouverture et d’unité avec toutes les Eglises de la Réforme.
V ème siècle – Romain & Lupicin
Romain, qui a vécu dans un monastère de Lyon, décida de se retirer dans un lieu désertique du Jura. Il est rejoint par son frère Lupicin, puis par des disciples de plus en plus nombreux.
La tradition de l’établissement d’un monastère par Saint-Romain est bien documentée. En revanche la tradition locale qui voudrait que Saint-Lupicin ait choisi la grotte pour vivre en ermite, puis construit un monastère, est plus tardive. Ce qui est établi, c’est qu’une source, aujourd’hui perdue, avec des vertus thérapeutiques jaillissait à cet endroit.
VI ème siècle – Première activité religieuse
La première mention d’une activité religieuse sur le plateau de Saint-Loup date environ du VIème siècle. Un document rapporte qu’une église consacrée à Saint-Didier se trouvait à côté de la grotte dite Balmeta.
Réforme – Au moment de la Réforme
Au moment de la Réforme, le nom de Saint-Didier disparaît et fait place à celui de Saint-Loup. On ignore d’où vient cette substitution. Une hypothèse est qu’un autel de l’ancienne église aurait été dédié à Saint-Lupicin, pour garder la mémoire du frère de Romain, dont le monastère se trouve à quelques kilomètres, c’est-à-dire à Romainmôtier.
XVIII ème siècle – Des bains
Dès le milieu du XVIII ème siècle, on a construisit un établissement de bains. L’Hôtel des Bains deviendra hospice puis Maison-mère.
XIX ème siècle – Une auberge
Transformation de l’établissement en un hôtel, autrement dit une auberge.
1827 – La vision fondatrice
En Suisse romande, l’influence du « réveil » commençait à se faire sentir. Deux étudiants en théologie, futurs pasteurs, s’ouvrent avec bonheur à ce souffle. En 1827, ils se promenaient sur le plateau de Saint-Loup. L’un deux, Henri Juvet, fils du dernier tenancier de l’auberge, a eu cette parole qu’il partagea avec son ami Louis Germond : «Dieu aura pitié de ce coin de terre. La lumière qui jadis brilla ici se rallumera. Cette maison où l’on s’amuse aujourd’hui deviendra une maison de prière. Je ne le verrai pas, mais toi, Louis, tu le verras !» .
1836 – Louis Germond
Louis Germond était un homme de prière et d’écoute, habité par la compassion, sensible à l’Esprit-Saint. Face à la détresse humaine, il ne pouvait pas rester indifférent et désirait suivre l’exemple de Jésus-Christ. Cette promesse d’une vie toute entière consacrée à Dieu, il l’a faite, alors que son épouse était gravement malade, et qu’elle a été miraculeusement guérie. Influencé par le pasteur Theodore Fliedner, qui a créé la première institution des diaconesses à Kaiserswerth en Allemagne en 1836, Germond se lança à son tour dans la grande aventure de la création d’une institution de diaconesses, en Pays de Vaud. La parole, donnée par son ami le pasteur Henri Juvet, était en train de se réaliser. Et son œuvre était une œuvre pionnière.
1842 – Naissance de l’Institution des diaconesses
Il faudra quinze ans de prière et d’écoute, de confiance en Dieu, de germination pour que naisse, en 1842, l’Institution des diaconesses à Echallens, dans une aile du château. Elle débute avec le pasteur Louis Germond, son épouse et quatre diaconesses qui allaient s’engager aux services des plus pauvres dans une vie de célibat, de simplicité et d’obéissance. Un début humble… Durant ces années, l’œuvre a été persécutée, cela tant de la part des protestants que des catholiques. La chapelle a été incendiée, les sœurs dispersées et Louis Germond a été ramené à Lovatens, son village d’origine entre deux gendarmes. Pendant ce temps de mise à l’écart de quelques mois, Louis Germond a créé une église libre dans son village.
1852 – Arrivée à Saint-Loup
En 1852 les premières diaconesses quittent définitivement Echallens. Elles arrivent et s’installent à Saint-Loup, dans l’hôtel des bains, qui entre temps a fait faillite. Cela grâce à un généreux donateur, le Docteur Butini de la Rive qui a acheté le site de Saint-Loup pour l’offrir à son ami Louis Germond. Pendant de nombreuses années, Saint-Loup rayonne sur toute la Suisse romande. Les sœurs ont été pionnières dans les soins donnés aux malades et aux plus pauvres. Des infirmeries, des hôpitaux sont ouverts. Les soins à domicile sont créés. Elles soignaient non seulement les corps, mais apportaient aussi un soutien spirituel. Le soir, elles ne quittaient jamais une chambre de malades sans avoir lu la Parole de Dieu et prié. Tout ce service était enfoui et porté dans et par la prière personnelle et communautaire.
1942 – 470 diaconesses
La vie du plateau et de la Communauté évolue au fil des années. En 1942, il y a 470 diaconesses, réparties dans 80 lieux de Suisse romande ! En plus des hôpitaux, certaines travaillent comme sœurs de paroisse (aides du pasteur), d’autres comme sœurs visitantes (ce qui deviendra les soins à domicile) ou encore comme infirmières en prison. Quelques-unes enseignent dans les écoles protestantes (Romont et Bulle 1964-2010).
1949 – Les diaconesses autour de Saint-Loup
1977 – La Maison d’Accueil
C’est en 1977 qu’un pas de foi important est posé et que la réorientation du ministère se manifeste avec la création de la Maison d’Accueil par Sœur Elisabeth et Sœur Hédy. On y faisait, ce qu’on appelait alors, de la cure d’âme c’est-à-dire de la relation d’aide. Là encore, c’est une œuvre pionnière, qui deviendra le ministère principal de la Communauté. La vision spirituelle du fondateur demeure et se développe par la foi. Au fil des années, le nombre de sœurs diminue encore. La Communauté, avec tous ceux et celles qui nous ont aidées dans cette étape, nos collaborateurs et collaboratrices, a discerné les chemins dans le prolongement de la vocation de ce lieu : vivre, prier et servir pour que ce lieu demeure un lieu de compassion, un lieu où la foi est vécue de manière vivante et contagieuse, un lieu de prière, un lieu où…
1983 – Des ministères particuliers
Quelques sœurs ont des ministères « particuliers » : en 1983, Sœur Odette ouvre le Foyer l’Etoile à Couvet et plus tard, Sœur Christiane a un ministère auprès de « ses amis de la rue » à Lausanne, Sœur Marguerite est sœur d’accueil à la Cathédrale à Lausanne. Le nombre de diaconesses diminue encore… et il faut songer à réorienter le ministère.
1984 – L’Hôpital à l’Etat
L’Etat prend peu à peu la relève dans le domaine des soins, y compris pour l’hôpital de Saint-Loup qui est détaché de l’Institution en 1984. Les diaconesses continuent là où elles vivent, à prier et à accompagner les personnes qu’elles visitent et auprès desquelles elles travaillent.
2008 – Chapelle origami
Alors que les travaux de rénovation de la Maisonnée et de sa chapelle se déroulent sur presque deux ans, le projet de construction d’une chapelle provisoire allait donner naissance à ce petit bijou d’architecture.
2010 – L’Accueil à la Maisonnée
En 2010, alors que les travaux de rénovation s’achèvent, l’Accueil quitte la maison «La Retraite » et monte à la Maisonnée.
Dans différents secteurs, il y a un passage de témoins de la responsabilité.
2018 – Nouvelle vision
Toutes les instances de Saint-Loup, la Communauté des sœurs, les différents conseils et comités, ont adopté, en 2018, la vision suivante : « Saint-Loup un lieu mis à part, de vie communautaire, où rencontrer le Christ, être accueilli et restauré, afin d’aller et de témoigner de l’amour du Père, par l’Esprit-Saint ».
2022 – La Communauté s’élargit
Aujourd’hui, par la grâce de Dieu, nous sommes entrés dans un nouveau printemps. Nous avons vraiment expérimenté que le grain de blé doit tomber en terre, mourir pour germer et porter de nouveaux fruits. Dieu a pu parler et nous conduire dans une nouvelle saison. Nous sommes sorties de ce passage avec une vision claire de ce que Dieu souhaite accomplir dans ce lieu pour les générations à venir. Le travail consiste maintenant à établir les bases de la communauté de demain, une communauté élargie qui accueille des couples, des célibataires et des familles pour travailler aux ministères actuels et à venir !
Neuf nouveaux membres ont rejoint la communauté en mars 2022 et forment, avec 3 diaconesses, le noyau de la communauté élargie. Ils se mettent à l’écoute de Dieu, dans l’humilité et avec sagesse pour poser les premiers jalons de ce que devient la Communauté de Saint-Loup.
24 mars 2024 – Neuf nouveaux membres consacrés
Pour la première fois dans cette Communauté, après 182 ans, des membres sont consacrés qui ne sont pas forcément des femmes célibataires. En effet, quatre couples et une célibataire s’investissent désormais au côté des diaconesses pour poursuivre la mission de cette communauté chrétienne.
Les nouveaux consacrés formaient déjà, depuis mars 2022, avec trois diaconesses, un « noyau » en charge d’imaginer la Communauté de demain. Et ce 24 mars 2024, le choix des diaconesses de devenir une communauté élargie, accueillant des couples, familles et célibataires, est devenu une réalité. Les neuf membres ont prononcé leurs engagements au côté des sœurs lors d’un culte festif à la chapelle. Dans le cadre d’un mandat de 4 ans renouvelable, ils perpétuent l’œuvre de prière, d’accueil et de soins à Saint-Loup, mais ont également déjà commencé à innover !