La vision fondatrice d’Henri Juvet
Dieu aura pitié de cette contrée ! La lumière qui jadis brilla ici se rallumera. Cette maison deviendra une maison de prière.
Parole créatrice du pasteur Henri Juvet, donnée en 1827 à son ami le pasteur Louis Germond, fondateur de l’oeuvre.
Extrait du livre Vies données… Vies retrouvées
« En Suisse romande, l’influence du « réveil » commençait à se faire sentir. Henri Juvet et Louis Germond, consciences droites, coeurs généreux, âmes inconsciemment assoiffées de vérité vivante, s’ouvrent avec bonheur à ce grand souffle. Quand, aux vacances d’été, il se promènent ensemble dans les environs de la propriété paternelle, Henri entretient souvent son ami du chagrin qu’il a de voir ce plateau, jadis sanctifié par la prière des religieux et des anachorètes, devenu aujourd’hui, du fait de l’auberge, un rendez-vous de plaisir villageois où l’on danse, joue aux quilles, tire à la cible, et célèbre le « petit blanc » en chansons joyeuses. Combien la pieuse destination que la tradition attribue à ces lieux s’accordait mieux avec la grave beauté du pays ! Ici, dans le « pré des chapelles », on retrouve, en creusant un peu, les fondations d’une église qu’entourait un cimetière. Ceux qui apportèrent l’Evangile aux habitants barbares du vallon y dorment de leur sommeil éternel. Plus loin, « la source de l’ermitage » parle encore des malades qui, selon la tradition, venaient y chercher une guérison miraculeuse. Là-haut, taillée dans le roc, on voit la grotte qui servait de demeure à un pieux solitaire. Dès la plus lointaine antiquité, des hommes vinrent ici prier, adorer, servir Dieu et leurs frères.
Un jour d’été, les yeux fixés sur l’horizon, les deux amis se remémoraient ensemble ce passé. Soudain, Henri saisit le bras de son compagnon et s’écrie, comme si une vision prophétique se dessinait à son regard dans le rayonnant ciel bleu : « Dieu aura pitié de ce coin de terre… La lumière qui jadis brilla ici se rallumera… Cette maison où l’on s’amuse aujourd’hui deviendra une maison de prière… Je ne le verrai pas, mais toi Louis, tu le verras ! »«
Extrait du livre « Vies données…Vies retrouvées » de J. De Mestral Combremont sorti aux éditions Payot en 1932, aux pages, 14 et 15
Photo : Louise et Louis Germond, fondateurs de l’oeuvre